ET CE SERAIT UN JARDIN

(décembre 2023-janvier 2024)




avec
Luigi Ghirri
Yann Stofer
Katrien de Blauwer
Eugénie Touzé
Thomas Fougeirol
Herbert List
Ayako Sakuragi
Luc Pommet


 

Le regard que pose l’artiste sur le paysage ignore les séparations que l’homme inflige à l’espace. L’artiste est insensible aux limites d’une campagne puisque l’œuvre dicte son propre cadre. Qu’il s’agisse de la mesure d’une toile ou de l’étendue d’un négatif, le support est un jardin. L’artiste en arpente la surface comme le jardinier son enclos. Profondeur de champ, nuances et perspectives sont des outils. Ils estompent ce qui, au-dedans de l’œuvre, ferait obstacle au désir inépuisable qu’a le paysage de se déployer.

Les images, toiles, installations, réunies à l’occasion de cette exposition, confondent ou effacent, chacune à leur façon, la frontière qui existe entre un jardin et le paysage qui le prolonge. La frontière devient une donnée superflue, mal adaptée, grossière. Rien ne compte plus que ce beau mot de lisière – intervalle ténu et indistinct où, comme par mégarde, le jardin devient paysage. Réunies, ces œuvres finissent par composer un ensemble non domestiqué. Friche, terrain, jachère, c’est l’esquisse d’un « paysage sans repos »[1] qu’on devine.

Ces pièces abordent-t-elles frontalement le jardin ? Elles empruntent à l’intime, au flou, à l’abstrait. Chaque œuvre est une veduta sur un paysage ou sur une métaphore de celui-ci. Toutes s’abstiennent de raconter directement la nature, préférant à la narration, trop évidente, l’exploration d’une émotion incertaine – retrouvée ?︎Virgile Legavre-Jérôme
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[1] Ryoko Sekiguchi, Héliotropes, Paris, P.O.L, 2005.



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